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anecdotes caractéristiques, les détails intimes qu’il me fournit sur un poète, même quand ils sont dignes de blâme ou entachés de ridicule, ne gâtent point un seul de ses beaux vers.

Parce que le vieux Malherbe eut les travers d’un pédant, ma haute estime n’en reste pas moins intacte pour celui qui a définitivement fixé les lois de notre prosodie. Quand j’apprends que André Chénier, dans sa première jeunesse, fut enivré par l’atmosphère libertine de son siècle, puis-je oublier qu’il a exprimé en termes délicieux les plus délicats sentiments, poussé les plus doux soupirs de tendresse ?

D’ailleurs M. Arnould — je me hâte de le dire — est, avant tout, un ami des poètes, et jamais, tout en demeurant soumis à la vérité, il ne parle de leurs faiblesses qu’avec une indulgence respectueuse. Ses portraits ne sont pas flattés ; ils sont ressemblants et peints avec amour.

On lira donc avec un intérêt soutenu, avec un noble plaisir, ce livre où les jugements droits et sincères alternent avec des tableaux éclatants de couleur et de vie.

J’ai déjà prononcé les noms de Malherbe, de Racan, de Chénier, que M. Louis Arnould a ressuscites dans le décor et dans l’ambiance intellectuelle de leur temps ; mais je ne recommande pas moins les pages consacrées par lui à des modernes, — à Victor Hugo d’abord, le pro-