Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
QUELQUES POÈTES

du velours du Pavillon, avec les manches et la doublure de toile d’argent. Et il ouït dire, au bout de quelque temps, qu’il estoit allé à Rome, où il tenoit une table qui estoit quelquefois de 50 couverts, et toujours la meilleure et la plus délicate de la Cour. Cela dura longtemps, sans qu’on seût où il prenoit de quoy fournir à cette dépence, et à toutes les autres qu’il faisoit à l’avenant de celle-là. Puis, tout d’un coup, il disparut, sans qu’on ayt jamais appris ce qu’il estoit devenu. »

L’ermite s’était fait diable !

Tout au bas du même feuillet, Conrart a relaté un incident de voyage, dont le relieur du manuscrit, au 17e siècle, n’a pas respecté la fin, heureusement facile à suppléer. Cela pourrait s’appeler : La poudre de Chypre ou Comment on voloit Malherbe. Le héros, je veux dire le voleur, est son valet, que nous connaissons déjà par la façon plaisante dont son maître le corrigeait :

« Il lui donnoit dix sous par jour pour sa vie, ce qui estoit honneste en ce temps-là, et vingt écus de gages [environ 420 fr. de notre monnaie], et quand son valet l’avoit fâché il lui faisoit une remontrance en ces termes : Mon ami, quand on offense son maître on offense Dieu, et quand on offense Dieu il faut, pour