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ble de Malherbe » en cette mémorable journée.

Ne pensez-vous pas qu’au fond la mauvaise humeur de Malherbe fut bien moins amenée par l’ignorance de Racan (en est-il encore beaucoup parmi nous qui ne la partagent point ?) que par le goût déclaré de celui-ci pour la lecture de Ronsard ?

On sait que notre poète travaillait lentement, ce qui est grave pour un auteur d'à-propos. En 1614, quand la duchesse de Conty perdit son frère, le chevalier de Guise, Malherbe se mit en devoir de composer à son intention une lettre de consolation. Il fait allusion, dans la première page, au voyage de la duchesse à Saint-Germain où elle avait été réfugier sa douleur. Mais il travailla longtemps sa lettre, il lui donna des dimensions considérables, il voulut « la mettre en sa perfection », c’est même « presque le seul ouvrage de prose qu’il ait achevé », au dire de Racan. Lorsque la lettre fut enfin construite, la duchesse était revenue à Paris.

« Il l’obligea, nous dit Conrart, à retourner exprès à Saint-Germain-en-Laye, aymant mieux luy donner la peine de faire ce voyage, que de prendre celle de changer peut estre une période ou deux de cet ouvrage. »

Racan nous avait déjà conté l’histoire de ce président qui perdit sa femme ; la pièce de con-