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de ne pas l’écrire (et cela se comprend), vers 1650, au temps de la splendeur du grand Condé, le glorieux fils du révolté de 1614.

À la fin de la guerre, la même indignation profonde inspira à Malherbe de belles et fougueuses strophes paraphrasées d’un psaume, entre autres, celle que nous avons citée :

La gloire des méchants est pareille à cette herbe…

Après en avoir entendu la lecture, la régente soufflait à l’oreille du poète : « Malherbe, prenez un casque. »

Quand il montrait ces paraphrases de psaumes, il lui arrivait souvent, nous apprend Conrart, que des érudits lui reprochaient de « n’avoir pas suivy le sens de David. — Je ne m’arreste pas à cela, répondoit-il, j’ay bien fait parler le bonhomme David autrement qu’il n’avoit fait. » — « Bien… autrement », c’est-à-dire bien mieux, par rapport au temps de Louis XVIII : c’est incontestable. David donnait à Malherbe le cadre, le ton, une provision d’images (ce qui n’était point superflu), et Malherbe animait tout cela d’une passion personnelle et présente, et le revêtait de sa musicale harmonie.

Il ne comprenait pas mieux les guerres religieuses que les guerres civiles, comme on le voit