Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui au fond ne se trompe guère, a égalé ce service, qui n’a rien de reluisant, au mérite des grands poètes créateurs, en lui accordant la gloire, à ce titre, tout comme à eux.

Les séduisantes imaginations et les éclatantes obscurités du romantisme n’ont pas réussi à détruire l’œuvre de Malherbe, quoi qu’il semble à première vue. Lorsque les feux d’artifice de 1830 se sont trouvés la plupart éteints, l’on a vu nombre d’écrivains français, et parmi les meilleurs, depuis les Musset et les Veuillot jusqu’aux Maupassant, aux Coppée, aux Anatole France et aux Jules Lemaître, reprendre le vieux sillon de la tradition française, déchargés sans doute du fardeau jadis obligatoire de l’imitation, allégés des entraves de règles trop multiples et plus libres de laisser leur imagination agiter en frémissant ses ailes, mais gardant jalousement le naturel préconisé depuis trois cents ans par Malherbe et comprenant, — pour finir par le vers de l’un d’eux, romantique pénitent, — que, chez nous, sauf d’infiniment rares exceptions, l’on ne peut, expérience faite, fonder de littérature durable comme de stable conduite que


sur l’éternel bon sens, lequel est né français.

15 juillet 1903.