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Il est remarquable à quel point l’école de Malherbe est propice à la vieillesse, autant qu’elle est peu favorable à la jeunesse. C’est décidément une École des Vieillards. Maynard se surpassait dans ces belles pièces à 64 ans ; Racan fera les 8.000 derniers vers de ses Poésies chrétiennes à 70. Tel était l’âge du maître lui-même lorsqu’il composait le troisième de ses Psaumes, le meilleur, et aussi l’une de ses plus belles odes.

Celui qui exhortait si bien Alcippe ne put s’empêcher de faire encore un voyage à Paris en 1646 ; à peine revenu, il mourait, le 28 décembre, partant cette fois pour le voyage suprême qui ne connaît point de retour.


VI

LES ENNEMIS DE MALHERBE — RÉGNIER. — THÉOPHILE. — D’AUBIGNÉ. — Mlle  DE GOURNAY.

Malherbe eut des ennemis, comme tous les chefs d’école, surtout quand ils sont bourrus : il faut qu’ils le soient tous un peu, et Malherbe l’était beaucoup. Contre lui il vit se lever tous les partisans de la libre fantaisie en poésie, soit pour les idées, soit surtout pour la langue : ils appartenaient à deux classes distinctes, les vieux qui se rappelaient leur jeune temps du 16e siècle, ses