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MALHERBE

j’ai montré ma blessure aux deux mers d’Italie,
et fait dire ton nom aux échos étrangers…

Cette dernière strophe est-elle de François de Maynard ou d’Alfred de Musset ? Il ne serait vraiment guère possible, à qui ne le saurait point, de le décider.

Le candidat perpétuel à la Cour, qui se croyait revenu de toutes les ambitions, reprit à son tour le thème d’Horace, qui avait déjà si heureusement inspiré et Malherbe et Racan, et il prêcha au courtisan Alcippe le retour dans les bois paternels et le dédain des grandeurs :


… La cour méprise ton encens ;
ton rival monte et tu descends,
et dans le cabinet le favori te joue.
Que t’a servi de fléchir le genous
devant un dieu fragile et fait d’un peu de boue,
qui souffre et qui vieillit pour mourir comme nous ?

…On n’est guère loin du matin
qui doit terminer le destin
des superbes tyrans du Danube et du Tage.
Ils sont les dieux dans le monde chrétien,
mais ils n’auront sur toi que le triste avantage
d’infecter un tombeau plus riche que le tien.

… Le Temps amènera la fin de toutes choses ;
et ce beau ciel, ce lambris azuré,
ce théâtre où l’Aurore épanche tant de roses,
sera brûlé des feux dont il est éclairé.

Le grand astre qui l’embellit
fera sa tombe de son lit :
l’air ne formera plus ni grêles ni tonnerres ;
et l’univers, qui dans son large tour
voit courir tant de mers et fleurir tant de terres
sans savoir où tomber, tombera quelque jour.