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populaire, je regarde ce qu’elle a fait, ce qu’elle a voulu, la trace qu’elle a laissée derrière elle, délivrée enfin du nuage de poussière soulevé par la lutte, — et voilà ce que je vois.

La Commune a aimé le peuple d’un amour profond, absolu, sans mélange. Elle lui a appartenu de cœur et de fait toute entière, sans restriction, sans arrière-pensée. Elle a fait corps avec lui, ne pensant qu’à lui, ayant brisé résolument avec l’ancien monde, ayant toujours devant elle la vision exclusive, — sinon toujours assez nette, — d’une société nouvelle, où aucun des priviléges respectés, aucune des iniquités sacrées de l’organisation actuelle ne devait subsister.

De ce côté, son idéal a toujours été très pur, très vigoureux, et si elle n’â pas su toujours mettre ses actes d’accord avec ses intentions, si elle n’a pas su toujours créer la vraie politique sociale, au service de là Révolution sociale, si elle est parfois retombée dans les vieux errements de la politique bourgeoise, autocratique, si, ennemie du pouvoir et de la centralisation, elle a parfois sacrifié aux entraînements du pouvoir et emprunté à ce qu’elle venait détruire les moyens d’édification de l’avenir, — cela tînt bien moins à des calculs mesquins, ou même à des hésitations sur les grands principes absolus de la vérité révolutionnaire et moderne, qu’à de l’inexpérience produisant de faux raisonnements, et surtout à des habitudes invétérées d’esprit.

N’oublions, en effet, jamais, que les hommes qui rêvent la société future, qui tentent d’en jeter les bases, sont nés, ont été élevés dans la société actuelle, que ses traditions, ses exemples, son éducation, ont poussé dans chacun de nous des racines difficiles à couper entièrement.