Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quer que la Commune entière aurait voulu marcher au feu avec les francs-maçons, mais que retenue par d’autres devoirs, et aucun de ses membres n’ayant voulu renoncer à ce périlleux honneur, on avait procédé à un tirage au sort.

Félix Pyat se trouvait parmi les élus et s’en félicita.

Le frère Tirifocq tenait une bannière blanche, où étaient inscrits, en lettres d’or, ces mots :

AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES !

Le citoyen Beslay s’en empara, au nom de la Commune, et le frère Tirifocq reçut, au nom des francs-maçons, le drapeau rouge du peuple.

Alors commença le défilé, et derrière ces deux vieillards portant fraternellement la bannière blanche de la paix et l’étendard rouge de la Révolution, se massèrent les dix mille maçons, chaque loge précédée de sa bannière propre. L’immense cortège, traversant la foule émue, aux acclamations mille fois répétées de : Vive la Commune ! remonta la rue de Rivoli, salua la colonne de la Bastille, puis, par les boulevards, le faubourg Honoré, se rendit sur les remparts, où les frères fidèles à leur promesse plantèrent leurs bannières pacifiques, en face de l’ennemi stupéfait.

Une députation alla jusqu’à Versailles. Le frère Tirifocq vit Thiers, lui parla, et Thiers, vieillard, ayant déjà un pied dans la tombe, se montra impitoyable devant cet autre vieillard dont les cheveux blancs auraient dû pourtant l’émouvoir et lui rappeler que la mort qu’il tenait dans sa main suspendue sur la tête d’un peuple, entier, marquait déjà ses ongles sur son crâne jauni.

Impassible, il répondit qu’il fallait que Paris