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Une députation pénétra dans la cour intérieure, dite de Louis XIV. Cette cour, couverte d’un vitrage, entourée d’une galerie reposant sur des colonnes de porphyre rouge, était décorée dans le fond d’un double escalier de marbre blanc à rampe d’or, faisant terrasse dans le haut. Sur cet escalier, était réunie la Commune entière avec ses écharpes rouges. Au-dessus se déployait un immense drapeau de pourpre éclatante.

Le citoyen Tirifocq, un homme de grand cœur et de valeur, l’un des plus anciens, des plus actifs, des plus dévoués Francs-maçons présents, porta la parole, déclarant que la franc-maçonnerie venait se rallier à la Commune, mais que, comme cela était son devoir, elle allait tenter une suprême démarche auprès du gouvernement versaillais pour arrêter l’effusion du sang.

« Si cette démarche, ajouta le frère Tirifocq, échoue, si une seule balle, si un seul éclat d’obus déchire une seule de nos bannières de paix et de fraternité, nous le jurons, nous tous ici présents, renonçant pour une heure à notre mission de paix et de fraternité, nous deviendrons les combattants du droit, nous prendrons nos fusils, et recouverts de nos insignes maçonniques, nous marcherons au feu, en tête des bataillons fédérés. Pour aujourd’hui, nous allons planter nos bannières sur les remparts, partout où se déchaîne le bombardement, et marcher sur Versailles, afin de lui faire entendre la voix de l’humanité et de la raison. »

Le citoyen Beslay, membre de la Commune de Paris, dont il était le doyen d’âge, et doyen d’âge aussi de la franc-maçonnerie parisienne, répondit quelques mots émus au frère Tirifocq. Le citoyen Félix Pyat prit aussi la parole pour expli-