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séance de la Commune où je déclarai, au nom de mes deux collègues, que, sur la volonté exprimée par nos électeurs, qui avaient approuvé notre conduite politique, nous reviendrions désormais prendre part aux délibérations de l’assemblée.

Au moment où je m’exprimais ainsi les Versaillais pénétraient dans Paris. Nous étions au dimanche 21 mai, et cette séance devait être la dernière de la Commune.

Si nous avions obtenu le satisfecit de nos électeurs, après explications claires et loyales, je dois cependant reconnaître que le manifeste de la minorité ne fut pas généralement compris de la masse de la population. Beaucoup n’y virent que ce double fait qu’il y avait scission, et que nous nous retirions. Notre résolution avait, en effet, un caractère trop parlementariste, eu égard aux circonstances, pour être bien comprise de la foule. Cela était trop compliqué. C’était de la politique, et le moment n’y était plus. Le peuple qui, pris en masse, ne voit et ne peut voir que les grandes lignes, ne vit que ce fait que nous nous séparions de l’assemblée appelée Commune, et cette décision l’inquiéta, en lui faisant croire à un affaiblissement, à une dislocation du pouvoir sur lequel il comptait pour diriger sa défense et le sauver de ses ennemis.

Ici, je dois le reconnaître franchement, l’opinion publique avait raison.

Ce manifeste, ainsi que le constatent également les citoyens Malon et Lefrançais[1], eût le tort grave de venir beaucoup trop tard, à un

  1. Voir Étude sur le mouvement communaliste, par Lefrançais, et La troisième Défaite du Prolétariat français, par Malon.