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pant ainsi tous ses chefs, elle désarmait la Révolution elle-même devant la réaction aux aguets.

Après les Girondins, ce furent les Dantonistes, puis les Hébertistes, puis les modérés, puis les violents, puis Robespierre et les siens, et, quand la Convention se fût saignée aux quatre veines, quand elle eût décapité tous ses grands citoyens, tous ses hommes de génie, d’action et de conviction, elle tomba sans force, sans idée, sans volonté, aux mains des thermidoriens qui, le lendemain, livrèrent la Révolution anémique, exsangue et garrottée à Bonaparte.

Il faut nous accoutumer à respecter entre nous le droit de libre discussion et de libre opinion.

Quant à moi, ainsi que je l’ai dit à la Commune, dans une assemblée politique, je n’admettrai jamais qu’on transforme en délit l’expression d’une opinion sincère, loyalement proclamée.

Ce n’est pas là un obstacle qui puisse être supprimé. Il faut savoir vivre avec la liberté ! — Quand il s’agit d’actes matériels, directement nuisibles et vraiment dangereux, c’est une autre question.

Cependant la scission s’aggravait entre nous.

La majorité affectait de se séparer absolument de ceux qui avaient protesté contre le Comité de salut public. Elle ne se réunissait plus à l’heure, ni au lieu fixés pour les séances. Elle prenait ses délibérations à part. Le Comité de salut public agissait sans que nous pussions exercer un contrôle quelconque sur ses actes. Cette position n’était pas tenable, en ce sens qu’elle nous rendait solidaires et responsables d’actes que nous ignorions et qui s’accomplissaient en dehors de nous !

Nous fîmes plusieurs efforts inutiles pour