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Elle ne comprit pas que la situation n’était plus la même, que les mots n’ont aucune vertu propre, qu’un Comité de salut public pourrait très-bien avoir été une force pour une assemblée nommée la Convention, il y a quatre-vingts ans, assemblée placée dans certaines conditions et pourvue de certains moyens d’action, tandis qu’un Comité de salut public pouvait n’être qu’une faiblesse et une abdication pour une autre assemblée appelée la Commune de Paris, quatre-vingts ans plus tard, placée dans d’autres conditions et dépourvue des mêmes moyens d’actions.

Enfin ce Comité de salut public avait un dernier tort : c’était justement de s’appeler Comité de salut public, et de rappeler par là aux yeux des ignorants, de la grande masse en somme, des souvenirs de violence qui l’effraient, à tort ou à raison. En admettant même que la chose fut nécessaire, il aurait, en tous cas, mieux valu changer l’étiquette.

Qu’ici, comme en beaucoup d’autres points de cette nature, Thiers nous serve de leçon.

Quand Paris éventré, brûlé, ruisselant de sang, râlait à ses pieds, qu’a dit M. Thiers ?

A-t-il parlé de créer un Comité de salut public, ou une dictature à son profit ?

A-t-il parlé de créer un tribunal révolutionnaire ?

Il a déclaré, du haut de la tribune, qu’il ne demandait pas de lois exceptionnelles, que la répression serait légale.

Et, en effet, il n’avait pas besoin de lois exceptionnelles, de tribunal révolutionnaire, de Comité de salut public, pour faire égorger des blessés, des enfants, des femmes, des vieillards.

Sans changer rien aux mots, ni au Code, il a