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Allaient-ils, au contraire, essayer d’entrer en arrangement avec Versailles, et entamer des négociations avec lui par l’intermédiaire des conciliateurs que représentait M. Bonvalet ?

On ne nous disait rien, et on ne donnait aucun mandat impératif à ces dictateurs.

« Soyez les maîtres et agissez. Nous verrons après, quand il sera trop tard, si vos actes nous conviennent ! »

Tel était le seul mandat imposé par la majorité.

De quelque côté qu’on envisage la question, il n’y avait donc que péril en fait, comme il n’y avait qu’abdication de notre devoir en principe.

Il y avait encore à cette mesure un autre danger, danger sérieux, possible, auquel j’ai déjà fait allusion, et qu’il faut appeler par son nom : le danger de trahison.

En effet, la Commune ne pouvait-elle se tromper dans le choix des membres de ce Comité ? Ne pouvait-elle y envoyer un ou deux traîtres, si elle en contenait dans son sein ?

Les débats devant les conseils de guerre, qui ont suivi la défaite de la Commune, n’ont-ils pas prouvé que quelques-uns de nos collègues, sans être eux-mêmes des traîtres, étaient entourés, dominés, menés par des agents versaillais ?

Notre choix ne pouvait-il s’égarer sur l’un de ces hommes peu clairvoyants, instruments d’une intrigue, d’une trahison qu’ils ignoraient ?

Inutile d’insister, chacun comprend la situation.

Si la majorité se laissa entraîner à ce vote, c’est faute d’avoir pesé ces considérations, c’est fascinée par la magie de ce mot : Comité de salut public ! qui lui rappelait les grandes luttes et les grandes victoires de la Convention.