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rangée. Il ne s’agissait plus de gouverner, d’administrer Paris, de proclamer des principes, d’édifier des lois : — il fallait vaincre ou mourir.

Ce sentiment était le sentiment de plusieurs d’entre nous qui proposèrent à la Commune de ne plus se réunir chaque jour pour des délibérations ou des discussions souvent stériles et qui perdaient un temps précieux, de concentrer tous nos efforts sur le côté militaire, de n’avoir plus qu’un seul objectif : — repousser l’assiégeant.

Jusqu’alors, en effet, la Commune avait laissé la direction militaire à des officiers de l’armée et au Comité central, et nous n’avions pas eu à nous en féliciter.

Cluseret, arrêté au milieu de son œuvre, avait été remplacé par Rossel, et les catastrophes avaient commencé. Nous étions restés dans la routine, et la routine nous menait à l’abîme. Que la Commune entière s’emparât de cette direction ; qu’elle se divisât la besogne répartie entre diverses commissions, qu’on appliquât à cette guerre nouvelle l’énergie et les moyens révolutionnaires que la majorité entendait toujours appliquer à la politique intérieure dans Paris, et qui n’étaient là dangereux que pour la Commune, et peut-être y avait-il possibilité défaire reculer Versailles.

En effet, Paris toujours vaincu, en somme, depuis deux mois, sauf sur certains points où le courage personnel pouvait l’emporter sur les travaux du génie, Paris résistait depuis deux mois, puisant une nouvelle résolution dans chaque défaite, grandissant son indomptable fermeté avec le danger croissant. Mais Versailles, lui, ne pouvait subir une seule défaite, sans voir s’écrouler le fragile échafaudage de son pouvoir. Obligé de reculer, il était perdu. Abandonné de la for-