Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

lien, où l’Italien et le Français ne rêveront plus que révolte et séparation, et verront se développer chez eux la haine des races, ennemie de tout progrès, — races qui existent en réalité, mais qui doivent se solidariser et peuvent s’aimer.

Etendons l’exemple.

Supposons que l’Europe entière soit unifiée sous un seul gouvernement, sous une seule loi.

La Révolution est finie !

Le développement individuel du génie de chaque peuple disparaît, s’éteint, — il n’y a plus qu’un troupeau, une poussière humaine, sans cohésion, sans point d’appui.

La France ne peut plus être le foyer de l’idée révolutionnaire et la rayonner sur le monde, car elle devra subir la loi du nombre représentée par la Russie cosaque, l’Allemagne encore féodale, etc., etc.

Elle sera noyée, submergée.

Si Paris se soulève, cela ne comptera plus, car le milieu est nécessaire à la propagation de l’idée, comme à la propagation du son et de la lumière, et le milieu n’existera plus. Pour cent mille Parisiens qui se soulèveront, il y aura cent millions d’Européens prêts à les écraser[1].

Mais Paris ne songera même plus à se soulever. Il aura perdu son génie propre, son individualité. — Il ne sera plus un centre, il sera un rouage subalterne dans une machine immense dont il subira le mouvement. — Le génie français aura disparu comme disparaît le génie de tout groupe humain soumis à la con-

  1. Ceci évidemment peut s’appliquer à toute autre ville, à tout autre pays, devenu incidemment initiateur d’un mouvement révolutionnaire.