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obstacles et aplanit sa route. Elle lui est si intimement incorporée, elle fait si bien partie intégrante de lui, qu’il est presque oiseux de chercher laquelle des deux conceptions a précédé l’autre. — L’Unité produit l’autorité, comme l’autorité produit l’Unité. — Aussi l’Etat est-il le gardien le plus farouche de l’Unité, sans laquelle il ne subsisterait pas pendant deux fois vingt-quatre heures.

Les hommes ont confondu l’unité avec l’union. — C’est là que gît toute l’erreur.

L’Union fait la force, — L’Unité fait le despotisme !

Autant l’une apporte de bien, autant l’autre produit de mal. Un abîme les sépare.

L’Union est le pacte par lequel un certain nombre d’individus, — êtres moraux ou matériels, — stipulent en pleine liberté, en pleine indépendance, un contrat par lequel, ayant les mêmes intérêts et les mêmes besoins, les mêmes aspirations et le même but, ils unissent leurs efforts et mettent en commun leur action, mais cette union ne doit pas aller au-delà, et suppose une communauté d’intérêts immédiate, ou une véritable conformité d’idéal, soit politique, soit social. — Elle sous-entend que, pour tout le reste, on est libre et conserve la direction de soi-même.

L’Unité, au contraire, est l’abdication sous un joug uniforme, qui s’étend à tout et sur tout. On lui sacrifie toujours plus qu’on en reçoit, puisque chacun des groupes naturels qui la constituent, étant noyé, submergé par le nombre immense des autres groupes, chaque individu, chaque collectivité partielle, supporte, à soi seul, et sur tous les points à la fois, le poids total de la masse entière.