Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre chose, sans demander grâce, ni s’abaisser.

Cependant, à peine eût-elle succombé, que ce fut un cri général d’horreur contre les atrocités qu’elle avait commises. Jamais il n’y eût calomnie plus impudente, mensonge plus immonde, et l’on ne sait ce qui doit le plus stupéfier de l’audace des menteurs, ou de la crédulité stupide du public européen.

En effet, en arrivant en exil, chacun de nous a pu constater qu’on regardait les Communards comme des espèces de bêtes fauves gorgées de sang humain, comme des forcenés pour qui l’assassinat, le vol et l’incendie étaient des passe-temps ordinaires, et cela à l’heure où Paris voyait dans ses rues les cadavres étalés de trente mille gardes nationaux, à l’heure où les Versaillais fusillaient les femmes et les enfants, à l’heure où la Seine était rouge du sang des Communalistes, à l’heure où les prisons, les casernes, les pontons étaient trop petits pour contenir le bétail qu’on leur confiait avant l’abattoir !

C’est à cette heure même que l’indignation se tournait contre les victimes, que la foule, affolée par tant d’horreurs, applaudissait les bourreaux, insultait aux suppliciés.

C’était Tropmann qui criait au meurtre, et c’était Tropmann qu’on plaignait !

Le sentiment public a changé en France et en Europe, mais cette aberration n’en est pas moins un de ces phénomènes fréquents qui sont la honte de l’espèce humaine.

Cependant les faits étaient là patents. — Ils s’étaient passés sous les yeux de l’univers.— Or les faits, les voici :

Pendant deux mois, la Commune a exercé le’ pouvoir, du 28 mars au 21 mai. — Pendant ces