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Ce n’est donc que pendant les cinq ou six jours qui suivirent sa nomination, qu’elle pouvait, sans faire aucune démarche de caractère avilissant, conquérir, avec un peu d’habileté, une grande position morale, et se placer sur un terrain qui aurait mis Versailles dans une situation fausse, en le forçant à se démasquer, à dire hautement qu’il voulait la guerre civile, rien d’autre qu’un triomphe sanguinaire de la force brutale.

En effet, à ce moment, la situation de la Commune était admirable. Ce n’était pas elle qui avait fait le mouvement insurrectionnel du 18 mars. Elle n’avait rien de commun avec le Comité central. Elle était née d’une élection imposante, régulière, sur une convocation, ne l’oublions jamais, signée des maires légaux, des députés légaux de Paris, — sans que Versailles eût frappé, pour cette convocation, ni ces maires, ni ces députés.

Si elle avait su s’emparer, dès la première heure, de cette position exceptionnelle, s’y camper résolûment et en tirer tout le parti possible, elle eut à coup sûr fort embarrassé M. Thiers et ses accolytes de la gauche.

Qu’eût-il fallu faire pour cela ? Inutile de le dire aujourd’hui, après coup. Si l’on n’a pas agi ainsi, cela a tenu, d’ailleurs, à beaucoup de causes trop longues à énumérer ici. Puis il faudrait, ce que je ne veux pas, mettre en jeu des responsabilités personnelles.

Quoiqu’il en soit, si la Commune a manqué à cet instant d’une certaine habileté qui ne manque jamais aux vieux gouvernements corrompus, il n’en reste pas moins acquis à l’histoire, qu’elle s’est seulement défendue, et qu’elle n’a pas fait