Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tage contre Versailles. Cela n’avait été possible que pendant les premiers jours dû Comité Central, et tout était changé depuis.

Donc, au point de vue patriotique et au point de vue humain, comme au point de vue politique et pratique, nul, à la Commune, ne pouvait désirer et ne désirait la guerre.

La Commune pouvait-elle éviter cette guerre ?

L’éviter, cela était impossible, suivant toute vraisemblance. Du moment où Thiers avait pu réunir une armée, il était évident qu’il la lancerait contre le peuple, y trouvant la double jouissance d’égorger des prolétaires et de jouer au général, les deux rêves de sa vie, après le rêve du pouvoir.

Quant à la réaction, cachée à Versailles, loin du danger, il était évident qu’elle serait sans scrupule comme sans entrailles, et que l’idée de décimer la population, d’affaiblir la patrie, ne pouvait que l’exciter davantage puisque, dans le sang versé à flots de la France expirante, elle comptait ramasser un trône pour quelque prétendant. De ce côté donc rien à espérer. La guerre était résolue. Elle devait avoir lieu. — La province seule pouvait l’empêcher d’un vigoureux effort, mais la province, étranglée par la centralisation, paralysée par l’unitarisme, est et sera, tant que durera ce système, incapable de tout effort sérieux qui demande un peu d’ensemble et d’initiative.

Cependant, quoique tout effort eût été vain, la Commune aurait pu marquer d’une façon plus éclatante, peut-être, son horreur réelle de la guerre civile, son désir de ne pas provoquer l’effusion du sang. Elle aurait pu le dire, le proclamer à haute et intelligible voix, de façon à ce