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tous les hommes dévoués à la Commune étaient aux remparts, dans les forts, aux avancées. Ceux qui ne se battaient pas le jour même, se reposaient du combat de la veille, ou se préparaient au combat du lendemain, toutes circonstances de nature à éloigner du scrutin les trois quarts de ceux qui avaient pris part aux premières élections.

Enfin, il ne faut pas se dissimuler que le peuple, avec son grand sens pratique et son admirable instinct révolutionnaire, n’attachait aucune importance à ces élections complémentaires. Il se disait avec raison que si les hommes qui siégeaient à l’hôtel de ville pouvaient sauver la situation, ils n’avaient nul besoin de cet appoint, et que, s’ils ne pouvaient la sauver, ce n’était pas l’adjonction d’une douzaine de nouveaux collègues qui changerait la face des choses.

Le peuple avait raison. Le nœud de la question n’était plus là. Les élections n’étaient, en somme, que du parlementarisme. Il ne s’agissait plus de compter les électeurs, il s’agissait d’avoir des soldats. Il ne s’agissait plus de savoir si nous avions gagné ou perdu du terrain dans l’opinion parisienne, il s’agissait de défendre Paris assiégé par les Versaillais.

Il ne fallait pas convoquer des électeurs, il fallait trouver des moyens de salut public, s’ils existaient.

Ainsi qu’il était facile de le prévoir, le nombre des votants fût donc extrêmement minime, et la Commune, au lieu de s’être retrempée dans le suffrage universel, parût avoir perdu les trois quarts de sa popularité des premiers jours.

Je dis parût, car ce vote, ainsi que je viens de l’expliquer, prouvait peu de chose, eu égard aux