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tion du dormeur éveillé des Mille et une Nuits.

Cette situation existait, d’ailleurs, en partie depuis le commencement du siége, mais tant que le canon avait grondé aux remparts, le drame militaire avait détourné les esprits de la réalité politique.

Eh bien, durant ces journées comme auparavant, il n’y eut pas un assassinat, pas un vol, pas une rixe, pas un tapage nocturne dans la vaste cité.

Partout les magasins s’ouvraient, et le commerce tendait à reprendre.

Seuls, certains journaux, organes de la police et chargés de préparer les voies au crime prémédité par le gouvernement, poussaient des cris d’alarme, et s’appliquaient à peindre Paris livré à l’anarchie, terrorisé par la Révolution.

C’est à ce moment unique que commencèrent les manifestations de la place de la Bastille, provoquées par la violence, les menaces, les fureurs séniles et les inepties honteuses de l’Assemblée de Bordeaux.

L’anniversaire du 24 février en fut l’occasion.

Ce jour-là, un certain nombre de délégués de bataillons se rendirent, sans armes, au pied de la colonne de Juillet, pour y déposer des drapeaux et d’immenses couronnes d’immortelles. On y prononça quelques discours. Le lendemain, les manifestations s’accentuèrent et les députations devinrent plus nombreuses.

La foule aussi, prévenue de ce qui se passait, s’y rendit à son tour, afin d’assister au défilé, d’applaudir, de mêler ses acclamations à celles des gardes nationaux. Le soir, la colonne était illuminée.

Les bataillons, au lieu d’envoyer quelques délé-