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Wagram, se trouvaient dans la zone d’occupation réservée aux Prussiens.

Vérification faite, la chose était vraie.

Y avait-il là calcul, ou simplement incurie du gouvernement ? C’est ce qu’il est difficile de savoir. En tout cas, la garde nationale résolut de sauver ses canons. Un bataillon du quatrième arrondissement eut l’initiative de ce mouvement[1]. Conduit par son commandant, ce bataillon arriva au parc de la place Wagram, et malgré les objurgations, les menaces du citoyen Raspail fils[2], dont la batterie était de garde ce jour-là, les hommes s’emparèrent de leurs canons, et, les traînant à bras, les ramenèrent à la place des Vosges, à travers tout Paris.

Le signal une fois donné, rien ne put arrêter l’élan général. Un grand nombre de bataillons se rendirent successivement au parc, et enlevèrent, à bras d’hommes, les pièces qui leur appartenaient.

Les femmes et les enfants s’en mêlèrent.

On vit défiler sur le boulevard des pièces traînées par les femmes entourées de gardes nationaux en armes. Un officier, à cheval sur la pièce, tenait le drapeau déployé.

C’était vraiment un spectacle grandiose et qui rappelait les plus beaux jours d’enthousiasme de la première Révolution.

  1. Tous les détails qui suivent sont absolument authentiques. Je faisais, à ce moment, partie de l’artillerie de la garde nationale. J’étais là, et j’ai vu.
  2. Il fit même prévenir le général Vinoy pour lui demander du renfort, au risque d’amener une collision entre les troupes et la garde civique, la veille de l’entrée des Prussiens.

    Je dois constater aussi que les artilleurs sous ses ordres, loin de lui obéir, aidèrent, pour la plupart, au déménagement des canons confiés à leur surveillance.