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ardent patriotisme, nomma parce qu’il les croyait opposés à la capitulation, partisans de la guerre à outrance, pour protester jusqu’au bout contre une honteuse trahison.

Jules Favre, d’ailleurs, fut le seul des membres du gouvernement qui sortit du scrutin, et, lorsqu’on se rappelle que Jules Favre a l’habitude des faux, on s’étonne moins de cette élection, inexplicable sans cela.

En effet, pas un des autres membres du gouvernement ne réunit, à Paris, même une minorité honorable.

Ils ne furent pas cotés, et le mépris public les laissa dans le ruisseau.

Pourquoi eût-on fait exception en faveur de Jules Favre ?[1]

Quant à Thiers, il est probable que son élection fut réelle, mais avec un nombre de voix inférieur à celui qui lui fut attribué par le Journal officiel.

Thiers, n’étant pas à Paris, pendant le siége, n’avait pu soulever les mêmes colères que les hommes de l’hôtel de ville, et on était d’avance certain qu’une partie de la bourgeoisie lui conserverait ses voix.

D’autre part, il n’assistait pas au dépouillement du scrutin ; mais son ami Jules Favre y présidait, et, quand on possède les petits talents de société de ce dernier, on peut bien en faire profiter la vanité d’un complice politique.

Cependant, il y eut quelques faits remarquables dans ces élections parisiennes, et qui pouvaient

  1. Le matin même de l’élection, Millière fit paraître, dans le Vengeur, le dossier de Jules Favre. Il était trop tard, à ce moment, pour que cette publication pût exercer une influence sérieuse sur le résultat du vote.