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quer, sans la justifier, la nomination d’une Chambre où l’infamie et l’incapacité se mêlèrent à une dose telle qu’on insulterait le Sénat pourri de Tibère et le Parlement Croupion d’Angleterre, en les lui comparant.

Les élections, même à Paris, ne furent pas excellentes, faute de temps et d’entente commune, quoique leur signification restât, dans l’intention des électeurs, aussi radicale que possible, et revêtît le caractère d’une protestation unanime contre les agissements des hommes du 4 septembre.

A la faveur du scrutin de liste, portant sur quarante-trois candidats, les voix s’éparpillèrent à l’infini.

Le dépouillement des votes se fit au milieu d’un désordre épouvantable, encouragé, favorisé, créé par le gouvernement, qui, sans doute, y trouvait son compte. Ce dépouillement dura huit jours, et les totaux partiels, connus au fur et à mesure, changèrent dans les dernières vingt-quatre heures, avec une rapidité qui tenait de la prestidigitation.

Les voix accordées à Jules Favre et à Thiers eurent, en particulier, de ces soubresauts vertigineux, et se trouvèrent tout à coup accrues d’une façon stupéfiante qui rappelait le miracle de la multiplication des pains[1].

J’ai dit que les élections ne furent pas excellentes. En effet, il passa quelques hommes appartenant à l’armée, et que le peuple, dans son

  1. Je tiens de Charles Floquet ce détail, quêtant allé à l’hôtel de ville vérifier lui-même le relevé des votes, il constata qu’il y avait, à son détriment, une erreur de dix mille voix, qu’il put faire réparer.

    Ab uno disce omnes. Que d’erreurs pareilles en sens divers !