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En cas d’une collision, la mine de Paris était donc assurée, et aucun des cent mille hommes partis au devant de l'ennemi, n’ignorait cette circonstance, n’en redoutait les conséquences.

Il y eut certainement plusieurs moments, pendant le siège, où la population aurait consenti à la destruction de la capitale, si on lui avait dit que cette destruction était le salut de la France et de la République[1].

Les Prussiens n’entrèrent pas cette nuit-là, et bien leur en prit. Mais ils eurent connaissance de la manifestation de la garde nationale, et cette manifestation contribua, sans doute, à la modestie de leur occupation, au commencement de mars.

Cependant les préoccupations électorales, sans adoucir la douleur patriotique des Parisiens, détournèrent un peu leurs idées, et donnèrent un dérivatif à leur irritation.

Si l’on ne pouvait plus sauver la France au point de vue de la sûreté et de l’honneur militaires, on pouvait, du moins, fonder la République.

Il avait été convenu que, sous l’œil des Prussiens occupant un tiers du territoire français, et sans que Paris pût communiquer avec le reste de la France, le pays serait appelé à nommer une Assemblée nationale chargée de trancher la question de paix ou de guerre.

Le temps accordé par Bismark pour ces élections, était absolument dérisoire. On vota donc dans une cave ; Paris ignorant la situation de la province, la province ignorant la situation de Paris, et croyant, sur son compte, toutes les

  1. « Plutôt Moscou que Sedan, » était un mot qui courait les faubourgs, et qu’on applaudissait dans les clubs.