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La démission de Trochu apaisa la plus grande colère de la foule. Elle crut, d’abord, qu’il y avait là une satisfaction accordée à ses justes griefs, et, sans faire attention au reste, sans se demander qui le remplaçait, s’abstint de paraître aux abords de l’hôtel de ville, se répétant avec joie :

« — Trochu n’est plus gouverneur de Paris ! »

D’autre part, en apprenant que Flourens avait recouvré sa liberté, l’inquiétude prit la bourgeoisie, pour qui ce nom était un épouvantail.

Elle entrevit tout à coup une tendance socialiste derrière le mouvement qui se préparait, et auquel elle se fût mêlée peut-être en partie, s’il avait conservé un caractère exclusivement patriotique[1].

On pouvait du moins espérer qu’elle ne s’y montrât pas hostile, qu’elle laissât faire, ou encourageât ceux qui agiraient.

Le nom de Flourens fit évanouir toutes ces belles dispositions ; de telle sorte que, les uns chantant victoire parce que Trochu n’était plus là, et les autres rentrant chez eux parce que Flourens les effrayait, la foule fut peu nombreuse sur la place de l’Hôtel-de-Ville, et peu de gardes nationaux se trouvèrent au rendez-vous.

Quand j’arrivai sur la place, il devait être environ une heure. En dehors des curieux, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants, il n’y avait là qu’un détachement de gardes nationaux appartenant, en majorité, au 61e bataillon, auquel s’étaient joints un certain nombre d’hommes des divers bataillons dé Montmartre. Tous mar-

  1. Je n’entends parler que d’une portion mixte de la bourgeoisie, spéciale à Paris, et qui sans être révolutionnaire, a montré plusieurs fois, pendant le siège, des velléités d’énergie et d’honnêteté.