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Six mois de défaites, mais c’était le salut ! Les Prussiens n’eussent pas résisté jusqu’au bouta cette nécessité de vaincre toujours.

On disait que Gambetta était partisan de la continuation de la guerre, et se faisait fort d’avoir les moyens de la continuer, en effet.

On savait que la France était loin d’être épuisée en hommes, en argent, en ressources de toute nature.

La question se réduisait donc à ceci : empêcher la signature d’une paix honteuse qui était le suicide de la France, et livrerait certainement la République sans défense aux attaques des irréconciliables ennemis du peuple.

Pour arriver à ce résultat, on sacrifierait Paris, s’il le fallait, après avoir prolongé sa résistance jusqu’à la dernière extrémité, résistance qui encourageait et facilitait celle du reste de la France.

Paris, une fois vaincu, c’était une forteresse de moins, voilà tout ; et la grande ville se sentait assez d’abnégation pour s’offrir en holocauste à la patrie, comme deux mois après, à la Révolution !

La Commune, maîtresse de Paris, Gambetta[1] avait carte blanche pour continuer la guerre, sans qu’on lui imposât un armistice qui jetait le pays aux Prussiens et la République à Thiers…

D’ailleurs, on pouvait toujours, avec 150, 000

  1. En ce moment, à Paris, on croyait savoir de Gambetta, qu’il était, lui aussi, pour la guerre à outrance. On ignorait la véritable allure de sa conduite politique en province On avait surtout la conviction que la victoire serait nécessairement le triomphe du peuple et de la République, par conséquent de la Révolution.

    N’est-il pas évident, en effet, que jamais la France victorieuse n’eût nommé cette chambre hideuse qui, après s’être agenouillée devant les Prussiens, s’est baignée dans le sang des Français ?