Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ennemies et conquit l’admiration même de ces soldats qu’on excitait contre elle depuis plusieurs mois.

Guillaume épouvanté fit, ce jour-là, ses malles à Versailles. Mais c’était compter sans Trochu.

Complètement déçu dans son espoir, il dut faire sonner la retraite au milieu de la victoire, et ramener, sous Paris, les gardes nationaux stupéfaits, indignés.

La garde nationale n’avait pas fui !

La garde nationale avait été victorieuse !! Décidément, ces pauvres hommes du gouvernement jouaient de malheur !

Trochu, désespéré, inonda Paris de dépêches lugubres, réclamant des brancards, des fourgons, tous les chevaux, toutes les voitures disponibles, pour enlever les morts et les blessés.

A lire ces dépêches, on aurait dit une effroyable catastrophe, sans exemple dans l’histoire des guerres.

Les fils et les maris s’étant refusés à avoir peur, il fallait bien essayer d’épouvanter les femmes et les mères.

Peine perdue ! Elles restèrent stoïques.

Ah ! comme l’on comprend la haine des Thiers et consorts contre cette population de Paris !

Puisqu’elle ne connaît point la peur, puisqu’elle rit du danger et des souffrances, il n’y a qu’un moyen de la mater : l’égorgement !

Morte la bête, mort le venin ! dit un vieux proverbe dont nous devions voir l’application en grand, pendant les épouvantables journées de mai.

La garde nationale rentra exaspérée, et, de Paris entier, il se leva un cri immense, unanime : « A bas Trochu ! »