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Parisiens, les Parisiens apprenaient le mépris de l’armée, constataient son infériorité morale et son inutilité.

On arriva de la sorte au 19 janvier.

La capitulation était résolue depuis longtemps dans les conseils du gouvernement, et peut-être déjà convenue officieusement avec Bismark. Il fallait la hâter. Il fallait surtout éviter que la garde nationale exaspérée ne refusât de l’accepter, ce qui était fort à craindre, et ne la déjouât par son attitude, comme elle avait déjà déjoué l’armistice, au 31 octobre.

Pour cela on ne trouva qu’un moyen ; envoyer au feu la garde nationale elle-même, lui faire faire cette fameuse sortie, qu’elle ne cessait d’exiger avec une insistance de plus en plus menaçante.

Le gouvernement, habitué à dissimuler la lâcheté derrière le mensonge et la forfanterie, croyait peut-être sincèrement à la lâcheté d’autrui.

Il espéra donc que la garde nationale fuirait devant les Prussiens, et qu’une fois déshonorée, elle accepterait avec reconnaissance la capitulation décidée.

D’ailleurs, toutes les précautions étaient prises pour qu’elle fût vaincue, ou que, victorieuse, elle ne pût profiter de la victoire.

Au pis-aller, en faisant casser la tête aux gardes nationaux, on se serait toujours débarrassé d’un certain nombre d’hommes gênants.

— Ah ! vous voulez vous battre, vous voulez marcher contre les Prussiens ! Eh bien ! mes amis, maintenant que tout est préparé pour la défaite suprême, maintenant que votre effort, conduit par nous, ne peut être qu’inutile, allez-y,