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des huées, sortirent dans la rue et souffletèrent leurs hommes.

Ce bataillon fut héroïque après. On les vit partout ces femmes de cœur, — celles que le Figaro devait appeler la femelle du fédéré, — dans l’ambulance, aux avant-postes sous les balles, aux cantines sous les bombes, et pas une ne demanda la capitulation.

Elles eurent, d’ailleurs, leur récompense.

Versailles les traita comme les hommes dont elles avaient partagé les dangers et les vertus. — Il les assassina !

Tel fut le peuple de Paris, pendant le premier siége.


V
LE PEUPLE SE SENT TRAHI. — LE 31 OCTOBRE. LE 22 JANVIER.

Cependant la colère et le dégoût montaient du cœur au cerveau et menaçaient d’ajouter, dans Paris, les horreurs, de la guerre civile aux horreurs de la guerre étrangère.

Les illusions tombaient une à une. — Il devenait évident que le gouvernement ne voulait rien faire, perdait le temps, gaspillait les vivres, et nous conduisait fatalement au jour où, faute de pain, il faudrait ouvrir aux Prussiens les portes de la capitale.

On savait que Thiers parcourait les cours d’Europe, et faisait faire antichambre chez les rois à la France humiliée, à la République déshonorée.

On savait que de telles mains ne nous rappor-