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labourés d’obus, ou former des quadrilles et danser sous la mitraille :

Dansons la carmagnole !
Vive le son
Du canon !

Pour compléter l’aspect de Paris pendant le siége, il faut parler des femmes, qui furent admirables, quoique souffrant infiniment plus que les hommes.

Elles promirent, alors, ce qu’elles devaient tenir ensuite pendant la Commune.

Les femmes donnèrent tous les exemples de courage, d’abnégation, d’héroïsme.

Souffrant comme épouses, comme mères, comme sœurs, quand leur mari, leur amant, leurs fils, leurs frères, allaient aux avant-postes, sous le feu des Prussiens ; souffrant comme ménagères, quand il fallait, avec rien, faire quelque chose, préparer sans feu des aliments nauséabonds ; restant seules avec la faim et le froid, au logis sans pain, sans bois, entourées de petits enfants qui dépérissaient faute d’exercice et de nourriture ; se levant, en hiver, au milieu de la nuit, par la neige, la bise ou la pluie, pour faire queue à la porte du boulanger, quelquefois depuis quatre heures du matin jusqu’à midi : on n’entendit pas une seule plainte sortir de leur bouche.

Et cependant plus d’une s’évanouit de fatigue et d’épuisement pendant ces longues attentes.

Elles aussi voulaient la résistance à outrance, la sortie en masse.

Le mari n’eût pas osé hésiter devant sa femme, exprimer une crainte ou une espérance lâche.

Un bataillon ayant fléchi devant l’ennemi, quand il rentra, les femmes l’accueillirent par