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qui resteront comme un phare lumineux pour l’avenir.

Pendant qu’on le trahissait, pendant qu’on l’affamait et le diffamait, pendant qu’on le bombardait, ce peuple élaborait la grande idée du dix-neuvième siècle, et trouvait enfin la formule exacte de la souveraineté populaire.

Durant les premiers jours, il fallait le voir assiéger les mairies, demandant des armes, offrant son temps et sa vie avec une héroïque prodigalité. Les citoyens venaient se faire inscrire en telle masse, que la plus grande difficulté était de suffire à ces inscriptions.

L’autre difficulté était de satisfaire à leur impatience. Quand un bataillon était formé et armé, c’étaient des explosions de colère, dans tout l’arrondissement, de la part de ceux qu’on n’avait pu armer le même jour.

Quand un convoi de fusils arrivait à la mairie, il fallait qu’il fût gardé militairement : la foule l’eût pillé pour avoir des armes un quart d’heure plus tôt.

Il en était de même dans tout Paris, surtout dans les quartiers populaires.

Il est vrai que, devant cette foule, on eût pu faire défiler tous les millions de la Banque, sans un homme de garde, de même que, plus tard, lorsqu’elle était épuisée par la faim, pas un citoyen, pas une femme dans Paris, ne fit entendre une plainte, ne demanda la capitulation.

Il y avait, dans cette population, les éléments d’une armée de cent mille hommes qui eussent, par leur élan, ramené la victoire, échauffé la province, et, avec son concours, rejeté les Prussiens au delà de la frontière.

En six semaines, on pouvait les discipliner