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passion, et l’on savait tout ce qu’il avait souffert, en voyant s’allumer brusquement l’astre de Gambetta. Cette nouvelle réputation l’offusquait et faisait saigner la vanité du vieux bonze habitué aux adorations et à l’encens.

A la Chambre, il lui fit bonne mine, mais je doute qu’il l’ait jamais aimé.

Le jour où il dut lutter contre Rochefort, un jeune aussi, il lui voua également une haine implacable.

N’eût-il eu que la crainte de descendre de son piédestal, de voir arriver des hommes nouveaux, cette crainte eût suffi pour lui donner l’horreur de la Révolution.

La plupart des vieux hommes politiques, qui ont fait de la politique un métier, qui se sont installés dans une opposition de carton, comme le rat dans son fromage, ont cette vile terreur et cette animosité misérable contre les lutteurs qui se font un nom à leurs côtés, et menacent de gâter le métier, en y apportant plus de passion, plus de sincérité, plus de talent, ou de nouvelles conceptions en rapport avec les besoins vrais de l’époque, et les aspirations du peuple.

De ce côté, l’Empire le rassurait amplement. À ce régime bâtard, artificiel et pourri, il fallait cette opposition bâtarde, artificielle et pourrie. L’empire n’en eût pas permis une autre, et Jules Favre, avec sa patente en poche et son titre de fournisseur habituel des Tuileries pour tout ce qui concernait le libéralisme endormeur et le républicanisme frelaté, ne redoutait pas trop la concurrence.

Tel est l’homme que le 4 septembre jeta à l’hôtel de ville, et qui fut chargé de représenter la France devant l’Europe malveillante et