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de Millière, qui avait révélé ses faux[1].

Spiritualiste, mystique et catholique lui aussi, il allait à confesse, communiait, vivait en concubinage avec une femme mariée, et, afin de s’enrichir, marquait d’un faux la naissance de chacun de ses enfants adultérins[2].

Jules Favre a longtemps trompé l’opinion publique, et j’avoue ne pas le comprendre.

On connaissait pourtant sa conduite à Lyon, lors du procès d’avril, où il se sépara de tous ses collègues de la défense.

On connaissait sa conduite en 1848, et l’on savait avec quel fiel il avait bassement poursuivi les hommes du parti socialiste.

On savait qu’il avait combattu la candidature de Rochefort, et qu’il n’était passé, au second tour de scrutin, que grâce à l’appoint des voix bonapartistes.

Enfin, un certain nombre d’hommes du parti républicain n’ignoraient point les hontes de sa vie privée, et gardaient le silence pour ne pas salir le drapeau commun.

D’autres aussi possédaient son secret : les

  1. Que M. Jules Favre n’ait point demandé expressément la mort de Millière aux bouchers de Versailles, — cela est possible, — car cette démarche n’était point nécessaire. Dans ce monde-là, on s’entend à demi-mots, et ces petits services se rendent tout naturellement.

    Mais, justement à cause de cela, il devait obtenir que Millière ait la vie sauve, et d’autant mieux que Millière n’avait pris aucune part au Gouvernement de la Commune.

    Laisser commettre l’assassinat qu’on pourrait empêcher, alors qu’on a une haine personnelle contre la victime, n’est pas moins grave que le commettre soi-même.

    C’est plus làche, — voilà tout.

    Il est aussi à remarquer que Laluyé, — qui avait fourni les pièces à Millière, — condamné à un an de prison, est mort, tout à coup, d’une maladie inconnue contractée à Pélagie.

    Décidément M. Jules Favre n’a pas de chance avec ses ennemis !

  2. Il l’a avoué en plein tribunal, et on s’étonnerait de ne pas le voir à Poissy, si l’on ne savait qu’il a siégé comme ministre dans les conseils du gouvernement qui ordonna le sac de Paris.