Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle jouissait du mot de République, et de l’absence des sergents de ville, disparus de la rue.

Elle se croyait libre, et ne pensait plus qu’à la défense du territoire, qu’à chasser les Prussiens, contre lesquels elle se levait tout entière, depuis qu’il ne s’agissait plus de protéger l’Empire, mais de sauver la République et la France.

Remonter ce courant était impossible.

Les républicains radicaux et socialistes se mirent donc résolument à l’œuvre, et, faisant taire leurs plus légitimes antipathies, leurs défiances les plus justifiées, offrirent au gouvernement de la défense nationale leur concours loyal, ne lui demandant point de faire de la politique, n’exigeant de lui qu’une chose ; la défense militaire du pays.

Le peuple, lui aussi, se montra d’abord facile sur la direction politique, exigeant qu’on mît de côté toutes les divisions, pour consacrer les forces vives de la nation à combattre les Prussiens.

Il comprenait bien, avec ce sens profond qu’il montre dans les grandes circonstances, que les Prussiens vaincus au nom de la République, c’était la République à jamais fondée sur le roc.

La politique serait venue après ; après le socialisme eût arboré son drapeau, après on eût réglé les comptes du passé.

Pour le quart d’heure, ce qu’il fallait, c’était la victoire, car cette victoire eût été fatalement la victoire du peuple, de la démocratie-socialiste.

C’est pourquoi les hommes de l’hôtel de ville ne voulurent pas de la victoire.

Quels étaient donc ces hommes ?