Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fit craindre que le peuple ne chassât violemment les anciens. Autre exemple : Trois jours après le 4 septembre, des gardes de Paris faisaient faction devant les portes de l’hôtel de ville. Il fallut les protestations énergiques de la foule stationnant sur la place, pour qu’on fît disparaître ces hommes, dont la vue odieuse était une véritable provocation à la population[1].

Cet infime détail n’était-il pas toute une révélation ?

Cependant la colère et la crainte agitaient le cœur de tous les vrais républicains, qui prévoyaient ce que nous allions devenir entre de pareilles mains.

Delescluze, que je rencontrai, le 4 septembre même, rue de Rivoli, après l’installation du gouvernement, me dit avec désespoir :

— Nous sommes perdus !

Il avait raison, mais que faire ?

Recommencer une nouvelle révolution, le lendemain, devant l’ennemi qui s’approchait à marches forcées ?

Il n’y fallait pas songer. Les éléments n’en existaient pas, alors, dans Paris.

La population n’était pas encore complètement réveillée du long sommeil de l’Empire.

Il lui fallut quatre mois pour cela. Ce n’était pas trop pour secouer vingt ans de torpeur, et je ne pense pas qu’aucun peuple eût marché de ce pas de géant.

  1. J’étais à l’hôtel de ville ce jour-là, et c’est moi qui fis avertir Étienne Arago de cette indignité. Le fait a été peu connu, car les gardes de Paris ne restèrent pas là plus de dix minutes. La tentative n’en était pas moins à signaler.