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Le lendemain, la bourgeoisie n’ayant plus rien à craindre que du côté du peuple, se réunit tout entière contre lui.

Faire peur à ceux qui nous haïssent, sans les désarmer et les frapper, est la plus grande de toutes les fautes.

Au 4 septembre, il eût fallu tout d’abord mettre hors d’état de nuire à la République et à la défense nationale, tous ces souteneurs de l’Empire, graine de traîtres, qu’on laissa complaisamment fuir, ou même à qui on confia la défense de la République et de la patrie.

Mais, du moment où le pouvoir était tombé aux mains des hommes de la gauche, il n’y avait plus rien à espérer de ce côté.

A l’Empire, vieille dictature déshonorée et décrépite, qui avait pour elle, du moins, le cynisme de sa franchise, succédait une dictature toute fraîche et lâchement embusquée sous les plis du drapeau républicain.

Ces hommes, une fois maîtres de la situation, n’eurent qu’une préoccupation : conserver tous les rouages, tous les agents de l’Empire, sachant que cette machine était merveilleusement montée pour l’écrasement du peuple, et qu’ils n’avaient pas le temps de trouver mieux.

Ce fut à ce point que les hommes de l’hôtel de ville ne voulaient même pas changer les maires bonapartistes en fonction dans les vingt arrondissements de Paris[1]. Il y eut, à ce sujet, une longue discussion, Trochu décida enfin qu’on nommerait de nouveaux maires, parce qu’on lui

  1. On voit qu’il ne s’agissait guère de leur élection par le peuple, comme c’eût été le strict devoir.