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Il avait la République — le mot ! — l’Empire avait disparu. Il ne fit pas attention qu’il venait de traverser l’armée ennemie, mais que, derrière lui, elle se reformait, dans l’ombre, avec toutes ses forces, dont pas une n’était entamée.

Les membres du Sénat et du Corps législatif purent s’en aller en province commencer cette immonde conspiration de la calomnie et de la lâcheté qui livra la France aux Prussiens pour la jeter aux mains sanglantes d’un Thiers.

Les sergents de ville furent soigneusement conservés et réorganisés, la garde de Paris s’appela la garde républicaine, les généraux de Bonaparte restèrent à la tête de l’armée, et tout fut dit.

Le 4 septembre au soir, Paris, sans s’en douter, était retombé sous le joug, appartenait à ses plus cruels ennemis, et les hommes qui ont le sens politique pouvaient déjà prévoir la guerre civile dans un avenir prochain.

Quand la bourgeoisie a fait ou laissé faire une Révolution, son premier mouvement est de se retourner pour regarder, avec terreur et menace, le peuple qui la suit. Le rejeter sous le joug dont elle s’est affranchie avec son appui, devient sa seule préoccupation.

Plus il a montré sa force, plus il a fait peur, plus il a excité de haine, et plus il a donné de cohésion aux bataillons un instant hésitants de ses implacables tyrans.

Aussi, le lendemain d’une Révolution, loin que le nombre des ennemis du peuple ait diminué, il a doublé.

La veille, ayant à combattre un autre adversaire, qui était le gouvernement établi, une partie de la bourgeoisie semblait marcher d’accord avec le peuple.