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pouvoir, le vrai peuple y parut plutôt en spectateur qu’en acteur.

S’il y avait eu bataille, le peuple y eût joué un rôle prépondérant, et les choses prenaient aussitôt une autre tournure.

La Préfecture de police était occupée immédiatement, et M. de Kératry, en arrivant, y aurait vu la Révolution installée. Il eût fallu là compter avec elle. L’hôtel de ville était occupé également par les forces populaires, et les Favre, les Simon, les Trochu, conduits par la garde nationale bourgeoise, n’auraient point trouvé la place nette, de telle façon qu’il leur suffit d’entrer pour s’imposer au mouvement, filouter la démocratie, et proclamer eux-mêmes leur propre dictature.

Faute donc d’une cohésion suffisante et d’une organisation politique quelconque, le parti révolutionnaire socialiste fut complètement joué, le 4 septembre, et prévenu sur tous les points par l’action de la gauche parlementaire, force organisée, elle, au point de vue politique, et prête à recueillir l’héritage de l’Empire.

Kératry se présenta à la préfecture de police, et y resta paisiblement.

Trochu, Favre, Simon et consorts se rendirent tranquillement à l’hôtel de ville, n’y rencontrèrent personne[1], et firent leur main.

Le peuple de Paris, livré à lui-même et n’étant point excité par la lutte, écouta son tempérament, se montra généreux.

Voyant ses ennemis à ses pieds, la pitié et le dégoût l’emportèrent sur la colère et le sentiment de la justice.

  1. J’entends : personne avec qui compter.