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La partie avancée de la bourgeoisie suivait les hommes de la gauche.

Le peuple appartenait en général au mouvement inauguré par l’Association internationale des Travailleurs.

Entre les deux camps, quelques hommes, jeunes et journalistes pour la plupart, ou orateurs de réunions publiques, faisaient une guerre audacieuse de hardis partisans.

De cet éparpillement de forces, il résultait, en somme, une impuissance complète pour l’action, qui a plus contribué que tout le reste à la durée de l’Empire.

Depuis juin 1848, d’ailleurs, le peuple et la bourgeoisie s’étaient séparés sur des monceaux de cadavres, et ne s’étaient plus tendu la main.

De cette scission était né l’Empire, et il en avait vécu. De telle sorte qu’un gouvernement qui avait en réalité, contre lui, dans Paris et toutes les grandes villes, l’immense majorité des citoyens, durait depuis vingt ans, grâce à la peur que le peuple inspirait à la bourgeoisie, grâce à la haine méritée que la bourgeoisie inspirait au peuple.

L’Empire succomba juste le jour où, sous le coup d’une grande douleur patriotique, d’une grande honte nationale, retombant sur tout le monde, la scission dont je viens de parler disparut, pour quelques instants, au milieu du deuil public et de l’indignation universelle.

Néanmoins, la Révolution du 4 septembre ne fut qu’une Révolution bourgeoise, faite par des bourgeois, puisqu’elle fut l’œuvre de la garde nationale, où le peuple n’avait pas encore pénétré.

Comme il n’y eut pas résistance de la part du