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mune de Paris, il faut remonter au 4 septembre et au Gouvernement de la défense nationale.

Ceci devait amener cela : — quelques pages suffiront à le démontrer.


Je ne remonterai pas au delà du 3 septembre, au soir.

Ce jour-là, le bruit du désastre de Sedan, sans être officiellement connu, avait transpiré dans la foule. L’agitation, déjà grande depuis la déclaration de guerre et les premières défaites, allait toujours en s’augmentant.

Entre neuf et dix heures du soir, une colonne compacte passa sur le boulevard Montmartre, se dirigeant vers la Bastille. Dans cette colonne, un certain nombre de femmes se distinguaient par leur exaltation et demandaient avec énergie la déchéance.

Cette vue me donna quelque confiance. Depuis six semaines, le parti républicain-socialiste attendait, espérait un mouvement. Nous faisions tous nos efforts pour le provoquer ; mais la population, tenue en bride par les députés de la gauche, qui se plaçaient comme un tampon entre le peuple et l’Empire, énervée par vingt années de despotisme et de corruption savante, semblait avoir perdu la foi en ses propres forces et jusqu’au sentiment de sa toute-puissance.

On voyait des groupes considérables s’enfuir à l’apparition de quelques sergents de ville. Dans les rassemblements, personne n’osait parler à son voisin, et si quelqu’un élevait la voix pour faire entendre une parole virile, les citoyens qui l’entouraient le regardaient avec défiance, croyant avoir à faire à un agent provocateur.

Paris voyait la police partout, et cette vision,