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Le niveau matériel a détruit le niveau moral. Il y a congestion ici, anémie là.

Il en résulte que les centres avancés sont soumis à la masse arriérée, que les Béotiens gouvernent Athènes, que le cerveau obéit aux membres, que les élans les plus magnifiques aboutissent aux chutes les plus effroyables, et que, si nous ne sortons pas de la vieille conception monarchique, autocratique, bourgeoise de l’Etat fondé sur l’unité et la centralisation, la France, la Révolution périront, après avoir jeté dans le monde le germe de toutes les grandes idées d’affranchissement social.

Pour guérir ce mal qui nous tue, pour rétablir l’équilibre rompu, pour ramener le niveau intellectuel, cette unité de sentiments et d’aspirations, qui sont le seul niveau et la seule unité légitimes, il faut sortir carrément de la vieille politique, entrer dans la voie nouvelle dont le 18 mars a jeté les bases.

Il faut en venir à l’application résolue des principes inscrits sur le drapeau de la Révolution sociale :

Affranchissement du travailleur par le travailleur, — autonomie du groupe.

C’est-à-dire restitution de l’activité, de l’indépendance aux forces vives de toute nation, substitution à l’Etat de la libre fédération de ces forces, dont le siège naturel est la Commune.

Ces idées, la propagande de l’Internationale en avait jeté, depuis quelques années, le germe dans la population. Le siège et ses suites en avaient démontré la vérité, et les violences des ruraux réunis à Bordeaux, faisant d’avance prévoir à quel régime odieux la France était destinée, apprenaient à Paris quel serait son sort poli-