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combinée d’une centralisation effroyable et de la conspiration permanente de tous les privilégiés contre l’affranchissement moral, avant-coureur de l’affranchissement matériel.

La Centralisation, l’Unité, un Pouvoir fort, sont, en effet, les grands instruments du despotisme, la condition sine quâ non de son existence.

Le premier Bonaparte, qui voulait rétablir le principe d’autorité, ne s’y trompa point. Il centralisa, il unifia, il passa le lourd rouleau administratif sur le pays entier, écrasant toutes les aspérités, nivelant toutes les saillies, anéantissant toutes les initiatives.

Les citoyens, éloignés du Pouvoir réfugié à Paris, au-dessus de la nation aplatie, dans un lointain mystérieux et favorable, n’eurent plus aucune occasion de faire leur éducation politique, de se développer, de se former par les luttes fécondes de la vie publique. Leur activité, détournée de son but le plus noble, le plus élevé, se cramponna forcément aux petites choses de la vie matérielle, du combat individuel, égoïste, pour la conquête du morceau de pain et du bien-être physique.

En face du Pouvoir un, il y eut une nation émiettée à l’infini, réduite en poussière, où l’individu, devenu grain de sable, appartint inerte à l’action des forces centralisées aux mains de quelques-uns.

L’ignorance, au lied de diminuer, s’aggrava, en ce sens que le progrès marchant à pas de géant dans un ou deux centres privilégiés, l’abîme qui séparait ces centres de la masse de la nation alla toujours en se creusant, en s’élargissant.

L’instruction resta livrée aux bonnes sœurs, aux ignorantins, ou à de malheureux institu-