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Dans de semblables conditions, la souveraineté populaire est un mensonge, le suffrage universel une duperie, plus dangereuse peut-être que la brutalité cynique des anciennes lois franchement négatives.

La Révolution économique ou sociale n’ayant pas suivi immédiatement la Révolution politique, et la direction étant passée des mains de la noblesse de naissance aux mains des possesseurs d’écus, il en résulta que les nouveaux maîtres s’appliquèrent, par tous les moyens possibles, à maintenir ces différences de niveau intellectuel qui, dans les sociétés modernes, remplacent la division par castes.

Au lieu d’avoir trois degrés dans l’État, noblesse, clergé, tiers-Etat, on eut deux grandes divisions : — les lettrés et les ignorants, les riches et les pauvres.

Ces divisions heureusement ne sauraient avoir rien d’absolument fixe. Aussi, malgré les efforts de la haute bourgeoisie, la lumière filtra peu à peu dans certains centres, à Paris, par exemple, et dans quelques grandes villes.

Là, malgré tous les efforts, je le répète, malgré l’insuffisance des salles d’école, malgré la niaiserie calculée de l’enseignement primaire, remis en partie aux membres du clergé, il y a un tel courant d’idées, que l’éducation du peuple se fait par le contact et par les yeux.

On pourrait presque dire qu’elle est dans l’air, qu’elle se respire, qu’elle entre dans le cerveau, en même temps que l’oxygène dans les poumons.

Mais pendant que ces centres peu nombreux progressent nécessairement, pendant que la vie intellectuelle y afflue, la masse du pays reste stationnaire ou recule sous la double action