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intellectuel et de l’étouffement politique de toute une nation, fut l’œuvre du Bonaparte de Brumaire, Depuis, la bourgeoisie l’a continuée avec une redoutable sagacité.

Nos malheurs proviennent de ce fait que la première Révolution, enrayée au milieu de son œuvre par la réaction thermidorienne, mère jésuitique et prototype sanglant de toutes les réactions qui ont suivi, a créé un nouveau milieu politique, sans avoir eu le temps d’en assurer l’accès au peuple.

A peine ce milieu était-il créé que la bourgeoisie s’y installa et en garda sauvagement les abords contre le peuple.

La Révolution avait décrété la liberté de penser et l’égalité devant la loi.

Pour que ces grands principes ns fussent pas de vains mets, il fallait que le peuple apprît à penser et devint apte à jouir de cette égalité inscrite dans le Code, mais que l’ignorance et le servage du travail livré sans garantie au capital omnipotent, ont mis hors de sa portée.

L’œuvre de tous les gouvernements, depuis thermidor, fut de maintenir cette inégalité économique et cette inégalité de niveau intellectuel qui rendait dérisoire pour la masse, l’égalité politique dont on faisait si grand bruit.

Le droit théorique est une fort belle chose… dans les livres et dans les Constitutions, mais, en réalité, ce n’est rien, si je suis dépossédé de la faculté, de la possibilité d’en user.

Or, pour un homme privé d’une certaine instruction, pour un homme astreint à l’esclavage de la misère par le salariat qui ne lui laisse aucun moyen matériel ni moral d’améliorer sa situation, il n’y a ni liberté, ni égalité.