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Depuis le départ des Prussiens, les journaux de police réclamaient leur restitution à l’Etat, soutenant qu’il n’y avait plus aucun motif pour que la garde nationale en conservât la possession.

On affectait de parler avec terreur du camp retranché de Montmartre. On dépeignait ses batteries tournées contre la ville, comme une menace perpétuelle à l’adresse des habitants paisibles, comme une provocation à la guerre civile.

La garde nationale elle-même se trouvait assez embarrassée de cette situation anormale, et dont le danger frappait tous les yeux.

En effet, ainsi que je crois l’avoir nettement indiqué, l’enlèvement des canons n’avait eu, au début, aucun caractère politique. Œuvre spontanée d’un grand élan patriotique, cet enlèvement s’était accompli avec le concours matériel ou moral de la plupart des bataillons, et l’approbation générale de la population.

Il s’agissait seulement, alors, de les soustraire à la confiscation des ennemis de la France.

Depuis, la question avait changé. Il s’agissait maintenant de savoir si on les livrerait aux ennemis de la République.

Pour bien comprendre la situation, il faut résumer les divers sentiments qui agitaient le peuple de Paris, et dont nous venons, dans les chapitres précédents, de faire connaître les causes successives et nombreuses.

Pendant les cinq mois écoulés, Paris, séparé du reste de la France, replié sur lui-même, livré presque entièrement à ses propres forces, Paris avait beaucoup vécu du cerveau, beaucoup appris, beaucoup réfléchi.

Au sortir de l’Empire, qui avait joué les destinées de la patrie, dans un intérêt d’égoïsme