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ce doux rêve. N’allait-elle pas les forcer à se prononcer catégoriquement, à déchirer le voile qui convenait à la modestie de leur courage, à l’inanité de leurs convictions, à la réalité de leur égoïsme ?

Au diable, cet intrus brutal qui dérangeait toutes leurs petites combinaisons, et réduisait en poussière leurs finasseries de politiques lilliputiens.

Je constatai, d’ailleurs, immédiatement l’impuissance complète de la gauche. Elle était divisée en plusieurs petites coteries sans idées d’ensemble, sans plan, sans boussole, dominées par quelques individualités, parmi lesquelles Louis Blanc jouait le principal rôle, et un rôle d’énervement systématique.

Il gouvernait la gauche, à ce moment ; il n’eût point gouverné la Révolution. Voilà, en deux mots, l’explication de toute sa conduite.

Aussi s’était-il bâti un petit plan à son usage particulier, dont il ne voulait pas se départir, et qui consistait à fonder une République par une série de concessions, sans limites comme sans pudeur. On a pu voir, d’ailleurs, l’exécution de ce plan, repris et développé par Gambetta, Louis Blanc étant de ceux qui se sont ralliés à Thiers, en gravissant un monceau de cadavres, pour arriver jusqu’au meurtrier, baiser ses bottes et lui offrir leur appui, disent-ils ; leur abdication, dira l’histoire.

D’autre part, ainsi que me l’expliqua Delescluze, il était impossible de faire entendre à cette Chambre une parole sensée. Ses hurlements couvraient aussitôt la parole de l’orateur.

Les malins et les honnêtes gens s’en retiraient déjà, comprenant qu’on ne peut rester dans le