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faibles, impuissants, égoïstes, ambitieux et peureux, puissent descendre, lorsqu’ils ont derrière eux tout un long passé de revendications démocratiques, d’objurgations contre le despotisme et les répressions sanglantes du pouvoir.

Je crus, pour mon compte, qu’il fallait absolument que les représentants de Paris connussent la situation vraie de Paris, et je me décidai à partir pour Bordeaux, ce que je fis le jour même de l’entrée des Prussiens.

En arrivant à Bordeaux, je constatai, en effet, qu’on ignorait là ce qui se passait dans la capitale, ou qu’on le savait mal, lui attribuant un caractère tout différent du caractère réel.

Je racontai les faits, et je m’efforçai d’en faire connaître la portée. Un petit nombre de ceux à qui je m’adressai comprit ou voulut comprendre, et parmi ce nombre, je dois citer spécialement Delescluze[1].

Les autres me reçurent assez mal. Il était visible qu’ils avaient déjà fait leur siége, et que cette brusque intervention du peuple de Paris les gênait, en les forçant à sortir, d’une façon quelconque, des nuages commodes de l’opposition parlementaire, derrière laquelle s’abritent, depuis si longtemps, toutes les convoitises du pouvoir et tous les compromis de conscience.

Les Louis Blanc, les Langlois, les Tolain et consorts, voulaient rester députés et continuer tout simplement, dans de nouvelles conditions, le petit métier lucratif et sans danger exploité, avant eux, durant vingt ans, par les Jules Favre, les Jules Simon et les Picard.

L’attitude du peuple de Paris les arrachait à

  1. Je ne pus voir Félix Pyat.