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par une affirmation unanime du principe républicain.

C’était aussi une consolation et une revanche dès défaites militaires.

Par un instinct peut-être un peu inconscient chez la masse, mais qui n’en était pas moins merveilleux et d’une immense portée, ce peuple, écrasé sur les champs de bataille, se rejetait dans l’idée révolutionnaire, et semblait comprendre que la seule revanche, la vraie, l’infaillible, ne pouvait sortir pour lui, que de la propagande démocratique, que de l’expansion des grands principes de droit et de justice. Il sentait que là était le salut, que la France, même diminuée territorialement, même frappée dans sa puissance militaire, pouvait tout reconquérir et dominer encore le monde, si elle savait reprendre, sans faiblesse, son rôle d’initiatrice et d’apôtre de la démocratie universelle.

Il cherchait ainsi à se venger noblement des défaites matérielles par la victoire morale, en prouvant à ses ennemis qu’il valait mieux qu’eux.

Depuis le 24 février, au matin, jusqu’au jour de l’entrée des Prussiens, ces manifestations allèrent en se développant ; mais, je le répète, sans une seule violence, sans que l’ordre, au sens le plus étroit et le plus bête du mot, en fût en rien troublé. Tout se concentrait sur la place de la Bastille, tout consistait en un engagement solennel pris par une population entière de défendre la République envers et contre tous, en une sorte de splendide profession de foi démocratique et sociale, faite à haute voix par deux cent mille hommes armés devant là colonne de Juillet, devenue l’autel improvisé de la patrie en deuil et de la souveraineté populaire menacée.